Pourquoi devrait-on être irréprochable ?

La réaction la plus courante quand je parle d’écologie et que le détracteur attaque le fait que je ne suis pas irréprochable plutôt que d’avoir une réflexion sur le message. Effectivement, je peins avec des bombes, j’ai un portable, je porte des habits conçus à l’autre bout de la planète et la liste est encore longue. Alors doit-on être irréprochable pour parler d’écologie ? 

Je pense que l’on prend le problème à l’envers. Pour l’instant, le temps d’antenne pour parler du changement climatique frôle les 0,8%, autant vous dire que face à l’ampleur du problème qui arrive à grands pas, le danger et les conséquences sont largement sous-estimés. Pour que nous nous attaquions au problème, il nous faut d’abord le comprendre et avec le peu d’informations qui nous sont offertes, on effleure juste le haut de l’écume. Plus nous serons nombreux à en parler, plus l’information va circuler jusqu’à toucher nos consciences et nos élites ne pourront alors plus botter en touche. C’est avant tout une question d’éducation et d’éthique dans un monde imparfait qui ignore les dangers qui l’attend. 

Être irréprochable est un leurre dans un monde où les intérêts financiers priment sur le bon sens et l’intérêt commun. Alors pourquoi seules les personnes irréprochables pourraient-elles s’exprimer sur l’écologie si ce n’est pour ne pas parler d’écologie. C’est un peu comme dire, tu ne parleras pas de musique si tu ne joues pas d’un instrument, ou pourquoi t’intéresser à la permaculture si tu n’as jamais jardiner. Plus nous parlerons d’écologie, plus l’adhésion du plus grand nombre fera basculer les mentalités. Il vaut mieux être des millions pas tout à fait exemplaires, mais qui réalisent de petits gestes que quelques centaines d’exemplaires qui face aux poids des institutions, des lobbies et de nos croyances ne pourront pas faire entendre leurs voix minoritaires.

Si nous sommes des millions à imposer la suppression des bouteilles plastiques par un bioplastique, nous serons plus vertueux. Si nous sommes des millions à manger moins de viandes et imposer la fin des fermes usines, nous ferons baisser notre bilan carbone. Si nous sommes des millions à vouloir taxer les super profits des groupes pétroliers pour financer les transports gratuits, nous ferons baisser la pollution. Je préfère clairement un chanteur qui parle d’écologie tout en prenant l’avion qu’un chanteur qui ne fait rien et qui n’a pas conscience de polluer. Alors, ne soyons pas irréprochables, mais éveillés sur le changement climatique. La prise de conscience est nécessaire si nous voulons engendrer un changement systémique.