Quatre lettres qui ont fait disparaître 90% des variétés utilisées traditionnellement par les paysans. Pour vous donner une idée du désastre, nous sommes passés par exemple de 3600 variétés de pommes en France à seulement cinq, en privilégiant les plus gourmandes en pesticides. On imposera, par exemple, la golden qui demandera beaucoup plus de traitements que d’autres variétés de pommes.
Créé en 1941, sous le régime de Vichy, le Groupement National Interprofessionnel des Semences, notre fameux GNIS va imposer du petit maraîcher à la multinationale, des graines inscrites dans ce catalogue sous peine d’amendes et de procès très dissuasifs. Si tous les agriculteurs sont obligés d’adhérer au GNIS, celui-ci ne représente pourtant qu’une petite partie de ses adhérents : les gros semenciers tels Monsanto, DuPont, Dow Chemical… Ce catalogue symbolise donc une vision industrielle de l’agriculture bien loin de l’intérêt des paysans et de la biodiversité, car il comporte essentiellement des graines hybrides F1 qui demandent plus d’eau et énormément de pesticides. L’heure est à la rentabilité et à la standardisation et le GNIS veille au grain. Non seulement, il certifie les semences, veille aux intérêts des grosses entreprises du secteur, fait respecter les lois, mais il participe aussi à la construction de la législation. Cette standardisation à l’extrême fera que désormais seules 9 espèces végétales assurent aujourd’hui les 2/3 de la production mondiale : le blé, le soja, la pomme de terre, le riz, la betterave sucrière, la canne à sucre, la noix de palme, le manioc et le maïs qui à lui seul pompe la moitié de l’eau utilisée par nos agriculteurs français.
Et pourtant nos « semences traditionnelles » sont un trésor face aux changements climatiques qui nous attend. Elles incarnent la diversité des goûts et sauront utiliser au mieux la terre qui l’a fait grandir, s’adapter au climat de la région, aux maladies, aux nuisibles, au manque d’eau … Il est urgent de faire renaître ces graines sans pesticides qui en plus de protéger la biodiversité, nous apportent plus de vitamines, d’oligo-éléments et de minéraux. De cette façon, nous pourrons réduire notre dépendance aux pesticides et promouvoir un système agricole plus durable.
Source : Reporterre – You matter – Reporterre