Nos gouvernants décident après la Seconde Guerre mondiale de recycler l’industrie militaire au service de l’agriculture. Les tanks deviennent des tracteurs, l’agent orange un désherbant, les gaz de combat sont transformés en insecticides… Direction la standardisation et pour y arriver, ils imposent en 1941 le GNIS. Du petit maraîcher à la multinationale, tous devront planter des graines inscrites dans ce catalogue sous peine d’amendes et de procès dissuasifs. D’un claquement de doigts, 90 % des variétés utilisées traditionnellement par les paysans vont tout simplement disparaître de nos assiettes. Nous sommes passés par exemple de 3560 variétés de pommes en France à seulement cinq, en privilégiant les plus gourmandes en pesticides.
 
Nos pesticides entrent dans la danse et vont bouleverser le destin de l’humanité. C’est un terme générique qui rassemble les insecticides, les fongicides, les herbicides et les parasiticides. Pour rendre indispensables les pesticides, après avoir décidé des graines qui pouvaient être plantées, la nouvelle étape est de breveter le vivant. L’industrie semencière a donc créé des variétés « hybride F1 ». Des graines de laboratoire qui seront toutes de même taille, grandiront au même moment en produisant le même nombre de fruits et légume. Cerise sur le gâteau, elles pourront difficilement être ressemées et n’arrivent à survivre que par l’emploi de produits phytosanitaires. Ces graines moins sensibles aux conditions climatiques, plus résistantes aux maladies, poussant plus vite tout en étant plus vigoureuses, vont bouleverser l’agriculture. Nos petites parcelles de champs deviennent alors des champs immenses, qui ne nourrissent plus localement, mais mondialement.

90 % de la surface agricole est inondé de pesticides.

Le revers de la médaille est nettement moins reluisant. Nos fameuses graines demandent beaucoup plus d’eau, de produits chimiques et vident nos fruits et légumes de leurs qualités nutritives. Ce cocktail explosif va tout détruire sur son passage, nappes phréatiques, insectes, bactéries, fleuves, sols … Désormais, on ne nourrit plus la terre, mais la plante et déjà 80% des insectes ont été rayés de la carte en 30 ans. Avec l’éradication des insectes, c’est toute la chaîne alimentaire qui en dépend qui va connaître le même sort, des oiseaux aux batraciens, du renard aux mammifères. Nous venons de détruire la biodiversité dans l’indifférence générale et si vous pensez entrer en résistance, en voulant planter bio, mauvaises nouvelles, car toutes graines anciennes ou paysannes n’ont plus le droit d’être vendues. L’agriculture intensive a le pouvoir et fera tout pour le garder.
 
Alors que faire pour arrêter le massacre ? Pour commencer, mettre une pression d’enfer à nos élus pour changer de système et obliger nos décideurs à pouvoir planter des graines bios. Nous pouvons également 3 fois par jour changer la donne, car 71 % des terres agricoles européennes sont destinées directement ou indirectement à nourrir des animaux qui finiront dans nos assiettes. Manger moins de viande aura un impact immense sur notre biodiversité et notre bilan carbone. Et pour finir, une autre agriculture est possible qui sauvegarde la planète tout en nous offrant une nourriture de qualité.