Le maïs et l’eau

Le maïs occupe 11 % de la surface agricole française et fait de notre pays, le premier producteur européen de maïs qui exporte près de 40 % de sa production. En même temps, notre bon vieux maïs finit rarement dans nos assiette. Il sert essentiellement à nourrir nos animaux d’élevages et consomme surtout la moitié de l’eau utilisée dans l’irrigation de l’agriculture qui est le plus gros consommateur d’eau en France à hauteur de 57%. Nous sommes accros au maïs dans un monde où l’eau vient cruellement à manquer.

Originaire du Mexique, le maïs est cultivé à partir du 17e siècle en France. C’est donc une plante tropicale, et de ce côté de la planète, les saisons chaudes sont la saison des pluies. Pas de chance , chez nous, les saisons chaudes, la pluie est rarement au rendez-vous et nous demande donc un maximum d’eau. Dès les années 1970, il devient la principale source de nourriture de nos animaux d’élevages, oubliant au passage que nos vaches, par exemple, sont avant tout des ruminants, c’est-à-dire des mangeurs d’herbe et non de maïs. On comprend mieux, pourquoi les opposants aux mégabassines sont énervés. On pompe de l’eau dans nos nappes phréatiques, pour irriguer du maïs dont une grande partie sera exportée pour nourrir des animaux qui survivent dans des conditions terribles dans des fermes usines.

Les bassines et le maïs sont au service d’un même modèle productiviste, quoi qu’il en coûte. Un modèle qui, en plus d’être extrêmement gourmand en eau et en pesticides, détruit la biodiversité et génère une pollution gigantesque. Cette privatisation de l’eau pour une culture qui fait exploser notre bilan carbone est le symbole d’une agriculture industrielle à des années-lumière d’un système agricole durable.

Source : Le Monde