Combien touche un agriculteur

La fin de la Seconde Guerre mondiale verra la naissance d’une nouvelle agriculture. Le rôle de l’agriculteur change, on ne lui demande plus de nourrir localement, mais mondialement. En quelques années, la quasi-totalité de la production agricole est exportée pendant que la quasi-totalité de sa nourriture est importée. La conséquence de ce jeu morbide est que, plus de 30 000 semi-remorques sillonnent chaque jour notre pays et qu’un grand nombre d’intermédiaires entrent dans la danse.

Dans un monde idéal, pour faire un simple yaourt, nous aurions besoin d’une vache et d’un peu d’herbes, mais désormais on a besoin de phosphate du maroc, de soja brésilien, de pétrole libyen et la liste est encore longue. Résultat des courses sur 100 euros d’achat alimentaire, seuls 6,5% finissent dans les poches de l’agriculteur. Entre les taxes, la publicité, le transport, l’achat de denrées alimentaires, il ne reste plus à l’agriculteur que les yeux pour pleurer, sans parler des centrales d’achat qui imposent leurs tarifs selon le cours de l’action.

L’alimentation n’est plus un secteur économique qui nourrit localement, mais un enchevêtrement de secteurs économiques interdépendants, le plus souvent éloignés géographiquement. Ce système est à bout de souffle, nous détruisons notre biodiversité, le changement climatique est déjà en marche et que nous le voulions ou pas, notre production va devoir changer. Entre le manque d’eau, la raréfaction des énergies fossiles, les événements climatiques extrêmes, l’effondrement du vivant, nous ne pouvons plus continuer avec ce système qui détruit notre planète.

Nous avons tous notre rôle à jouer, nous citoyens, les états, les entreprises, les communes, pour une prise de conscience collective. Nous allons devoir retourner dans les champs, préserver nos écosystèmes, notre eau, diversifier nos cultures, car sur 6000 espèces végétales ayant été cultivées par l’humanité, seul 9 assure aujourd’hui les 2/3 de la production mondiale (Maïs, blé, soja, pomme de terre, riz, betterave, noix de palme, manioc et canne à sucre. Tout un pan de la nourriture qui compose notre alimentation depuis des milliers d’années a disparu. La nature est désormais gérée comme une entreprise et se doit d’être repensée localement en prenant soin de nos écosystèmes à l’image de ce que propose Jean Martin Fortier.

Source : Colibri le mouvementLes greniers d’abondance