FRESQUE BISCHWILLER

JUIN 2023

La biodiversité a pris une énorme claque ces 50 dernières années. Disparition massive d’insectes, pollution, pesticides, déforestation … Un exemple met, à mes yeux, en perspective, tous ces problèmes : la graine. Elle symbolise à elle seule, cette course à la rentabilité, au détriment du vivant.

Tout commence après la Seconde Guerre mondiale ou l’on nous impose le fameux GNIS. Du petit maraîcher à la multinationale, tous devront planter des graines inscrites dans ce catalogue sous peine d’amendes et de procès dissuasifs. D’un claquement de doigts, 90 % des variétés utilisées traditionnellement par les paysans vont tout simplement disparaître de nos assiettes. Nous sommes passés par exemple de 3560 variétés de pommes en France à seulement cinq, en privilégiant les plus gourmandes en pesticides. Tout un pan de la nourriture qui composer notre planète depuis des milliers d’années venait de disparaître, la nature est désormais gérée comme une entreprise.

Après avoir décidé des graines qui pouvaient être plantées, ils décidèrent de breveter le vivant. L’industrie semencière a donc créé des variétés « hybride F1 ». Des graines de laboratoire qui seront toutes de même tailles, grandiront au même moment en produisant le même nombre de fruits et légumes. Cerise sur le gâteau, elles ne pourront être ressemées et n’arrivent à survivre que par l’emploi de produits phytosanitaires. Ce cocktail explosif va tout détruire sur son passage, nappes phréatiques, insectes, bactéries, fleuves, sols … Désormais, on ne nourrit plus la terre, mais la plante et déjà 80% des insectes ont été rayés de la carte.

Aussi dingue que cela puisse paraître, il est aujourd’hui interdit de planter des graines bio alors que l’on connaît parfaitement les conséquences pour notre planète et notre santé. Le consommateur n’a pas réellement le choix, 80% des plantes vendues en Europe dans des centres de jardinages et supermarchés sont truffées de pesticides et notre pomme a reçu tellement de traitements avant de finir dans notre ventre, qu’elle est vide, sans nutriments ni vitamines. Ce système est criminel, contre-productif alors que nos graines anciennes sont une des solutions face aux changements climatiques qui nous attend.

Elles se sont adaptés durant des siècles, à nos sols, notre climat, aux maladies, aux nuisibles, au manque d’eau … Une graine résiliente, sans pesticide, avec la garantie de vitamines, d’oligo-éléments et de minéraux riches pour notre santé et son environnement. Une graine donc nous avons perdu le savoir et qui est le cauchemar de l’agriculture intensive et sa sacro-sainte rentabilité. Demandons l’interdiction des graines truffées de pesticides et plantons des graines bio partout. Un symbole de résistance si petit et pourtant essentiel, car la biodiversité, n’est pas une question de rentabilité.